Je reparcours les pages de ce blog, ces 5 mois d’articles et je me rends compte qu’il manque quelque chose. Quelque chose d’important je crois.
Je suis arrivée, il faisait bien froid, j’enchaînais les « Como ? » faisant toujours répéter et surtout j’étais impatiente de voir ce qu’allait me réserver cette année. A mi-chemin, je ne suis pas déçue ! Aujourd’hui, à l’heure où j'écris, il fait 30°C, je reviens de la piscine et à la radio je comprends tout ce qu’on raconte. Mon vocabulaire se ponctue de termes chiliens, ce qui n’est pas forcément une bonne chose d’ailleurs ! Aujourd’hui, oui, ici c’est chez moi.
Pendant ces 5 mois, j’ai découvert un pays aux facettes multiples. Il y a la diversité des paysages évidemment. Du Nord au Sud la diversité se ressent jusqu’aux modes de vie. Mais aujourd’hui, c’est d’une autre facette dont j’ai envie de parler, une facette qui ne parait pas vraiment ici. J’ai choisi l’Amérique du Sud pour une raison bien particulière. Je voulais voir « Autre chose », quelque chose de vraiment différent de l’ « Occident ». L’ai-je trouvé ? Et bien à vrai dire, et lorsqu’on parcourt ce blog, on voit que ma vie n’est pas si différente que celle que j’ai en France. J’habite un beau quartier, je vais à une université qui coûte ici pas loin 5000 euros, je fais la fête avec mes amis et dès que je peux, je monte dans un bus et parcours le pays d’hostal en hostal avec sac à dos et appareil photo. C’est si facile. L’Amérique Latine c’est le continent des contrastes. Au Chili comme ailleurs, il y a les riches, il y a les pauvres. Quand tu es riche, la vie est plutôt paisible. Quand tu es pauvre tu as toutes les chances d’y rester et que tes enfants le soient à leur tour. Quand tu es riche, tes enfants vont dans une bonne école, quand tu es pauvre, ils vont dans une école publique dont le niveau laisse à désirer. Quand tu es riche , tu te fais soigner. Quand tu es pauvre, non tu ne te fais pas soigner. ETC. Un Français qui vit ici depuis 10 ans m’a dit un jour, vivre en Amérique Latine, c’est vivre sans filet. Tu perds ton emploi et du jour au lendemain, tes enfants ne vont plus à cette même école et tu ne te feras pas soigner dans cette belle clinique. Tous les jours, bien que Santiago soit la ville la plus développée d'Amérique Latine, ça saute aux yeux. Combien de glaces à 0.80 cts d'euros doit vendre le type qui passe de bus en bus en criant "Helado Helado" avec sa petite boîte en carton pour atteindre un salaire raisonnable ? Et lui, contrairement à chez nous, il n'y a que sur ses glaces qu'il peut compter. Combien de paires de chaussures doit cirer le type du centre ville ? Combien de pare-brises doit laver le gamin de 14 ans au feu rouge ? A Santiago, d'un quartier à l'autre, on est dans une autre ville. A Providencia, on arrose la pelouse à longueur de journée, à Estacion Central, il n'y a simplement pas de pelouse. Evidemment, comme chez nous, il y a pas mal de mendiants, il arrive de voir des personnes ivres qu'on retrouve endormies sur un banc le matin... A Buenos Aires, je me rappelle cette petite fille dans le train, déposer son petit papier sur mes genoux demandant un peu d'aide. Elle avait l'âge de ma petite soeur. Il y en a aussi qui travaillent, vendent des chaussettes. Et puis, ces enfants, dans une petite ville d'Argentine, alors qu'on était assis dehors pour manger, qui, passant, nous demandent s'ils peuvent manger notre riz dans le tupperware qui traîne sur la table, trois gamins autour du Tupperware avec nos restes du repas du bus. En campagne, ce décalage se ressent encore plus. Les maisons ne sont souvent faites que de taules et on ne voit pas beaucoup de tracteurs, ce sont plutôt avec les chevaux qu'on travaille les champs.
On pourrait continuer en parlant environnement...Inutile de vous dire, le recyclage est quasiment inexistant, déchets jetés par terre sans scrupule et sacs plastiques à tire larigot. L'indice UV est très important pour cause de couche d'ozone endommagée par la pollution... En Argentine, l'exploitation du soja rend des villages malades et conduit au recul de la forêt...Bref j'arrête là, on en entend assez comme ça.
Alors je crois que la réponse est oui, j'ai trouvé "Autre Chose" et du haut de mes 20 ans, j'ai envie de comprendre. Mon stage dans une association de micro finance qui octroie des petits crédits à des micro-entrepreneurs m'ouvre de nouvelles perspectives, l'occasion de rencontrer ces micro-entrepreneurs et de me rapprocher un peu de la réalité du pays.
Et c'est ainsi que pas à pas, tranquillement, je vais et deviens.